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Interview d'Albert Laserre dans l'Ã?cho de la timbrologie

À quatre-vingt-neuf ans, Albert Lasserre, passionné d'histoire et de philatélie, continue de témoigner sur une période qui lui tient à cœur : la Seconde Guerre mondiale. Au moment de la Libération des camps, il était un tout jeune homme mais il a été durablement marqué par ces événements et il tient à accomplir, aujourd'hui encore, son devoir de mémoire.

Propos recueillis par Sophie Bastide-Bernardin.
 
  • Racontez-nous comment vous êtes devenu philatéliste ?

C'est arrivé sur le tard et, en quelque sorte, par accident. J'avais la quarantaine. Or, ma fille, adolescente, m'avait laissé un album Yvert et Tellier dans lequel elle classait depuis peu une collection de timbres de France. Elle n'était plus intéressée. Pour ma part, j'ai été rapidement conquis par des émissions comme le « pont du Gard » ou la « Cathédrale de Reims » des classiques en somme.

  • Vous avez alors décidé de vous affilier à une association.

Oui, j'ai rejoint l'association des Postiers philatélistes de Bordeaux présidée, à l'époque, par M. Garcia. Je m'y suis plu et je me suis vite rendu compte qu'il était préférable de posséder quelques économies pour mener à bien une collection philatélique.

  • C'était votre cas ?

Pas vraiment mais il se trouve que je suis tombé au moment opportun sur une émission radiophonique de Guy Lux et son jeu « (Cherchez la femme »... Il m'a téléphoné et j'ai eu la chance de donner la bonne réponse : « Sheila ». Grâce à l'interprète de l'École est finie, j'ai remporté 3 000 F qui m'ont permis d'acheter quelques timbres.

  • Que collectionnez-vous ?

Les courriers de la Seconde Guerre mondiale mais aussi le type Blanc.

  • Vous êtes également un adhérent de longue date à Philapostel, es tant qu'ancien postier.

Oui, j'ai rejoint l'association sous la présidence de Jean-François Logette (NDLR: président de 1983 à 2000) et parmi mes mentors, à l'époque, j'ai eu Pierre Fallot qui m'a encouragé dans la voie de la collection et des expositions compétitives.

  • À plusieurs reprises, vous avez donc participé à des expositions philatéliques compétitive, de niveau mondial. Qu'est-ce qui vous a motivé ?

J'ai suivi la voie classique. J'ai exposé sur les pigeons-poste du siège de paris mais aussi des ballons-montés. Mes collections m'ont apporté beaucoup de satisfaction. Ainsi, lors d'une vente sur offres, j'avais acheté un lot de timbres en vrac... Et là, j'ai eu le plaisir de mettre la main sur une variété de type Blanc qui, par la suite, a été présentée dans les catalogues.

  • Vous aimez partager vos connaissances autrement que par la présentation de cadres d'exposition, en écrivant des livres où vous mettez en avant votre goût pour l'histoire et pour !a philatélie. Vous avez ainsi rédigé deux ou trois, dédiés à la Seconde Guerre mondiale le premier sur !a France et le courrier durant cette période et le second à destination des jeunes générations.En quoi diffèrent-ils dans leur approche ?

En tant qu'amateur éclairé, j'ai toujours souhaité partager mes connaissances. Mon premier livre, préfacé par Guy Lormand, l'ancien directeur du Service national des Timbres-poste et de la Philatélie, n'était pas illustré. Pour le second, en revanche, mon éditeur a réalisé un formidable travail sur le plan iconographique.


  • Parmi les courriers de votre collection quel est celui qui vous touche le plus ?

C'est une lettre écrite durant l'opération Dynamo au cours de laquelle il a fallu évacuer le plus rapidement possible 328 226 combattants dont 110 000 français. II s'agit du témoignage de l'un de ces Français, parti de Dunkerque le 1er juin 1940 s'adressant à sa fiancée depuis le Georges V. « Tu ne peux pas t'imaginer » écrivait-il « les souffrances que j'ai endurées et les durs moments que j'ai traversés. Nous avons embarqué ce matin avec maintes difficultés à Dunkerque car nous allions y être massacrés...». j'ai également été très marqué par toutes les lettres en lien avec le jour le Plus Long. Tout a commencé par un coup de bluff. Une armée fantôme a été déployée au large de la côte sud de l'Angleterre avec campement, équipement, station de radio, journaux... Mais tout était factice. Des espions allemands faits prisonniers ont été utilisés comme agents doubles et ont contribué largement à cette mystification. La dernière nuit, des avions de la Royal Air Force ont ajouté à la confusion en lançant des Windows, c'est-à-dire des bandelettes métalliques destinées à brouiller les radars de l'ennemi. Il s'agissait de faire croire aux Allemands qu'une flotte importante se dirigeait vers Boulogne et Le Havre. Ainsi, ces derniers ont déplacé leurs blindés trop tard vers la Normandie et se sont refusé à y envoyer en renforts des éléments de leur 5e armée. D'autres lettres m'ont ému qu'elles soient en relation avec l'insurrection du ghetto de Varsovie ou la rafle du vélodrome d'hiver, les camps de déportation, voire le général de Gaulle...

  • En 1939, vous aviez treize ans. Quels sont vos souvenirs personnels de ta Seconde Guerre mondiale ?

Mobilisé en 1915, mon père avait été blessé pendant la Première Guerre mondiale. Son frère était mort le 28 septembre 1918 au Chemin des Dames. Le contexte familial portait donc au patriotisme mais je n'ai pas pris part directement au conflit, contrairement à certains de mes proches. Promu à l'école militaire de Tulle et sorti officier de l'école de cavalerie de Saumur, mon frère aîné, Maurice, avait naturellement suivi notre oncle Paul, en intégrant la 2e division blindée du général Leclerc via l'Espagne, en Algérie et au Maroc. Après le débarquement en Provence, mon oncle et mon frère ont fait partie des troupes qui ont libéré Strasbourg.

  • Dans votre livre « La Seconde Guerre mondiale racontée aux jeunes générations », vous évoquez le souvenir d'une tante, Henriette Lasserre, décédée au camp de Ravensbrück, le 5 janvier 1945...

Oui, je me souviens très bien d'elle. Militante communiste, elle a payé son engagement de sa mort. Elle a d'ailleurs aujourd'hui une rue à son nom, à Orthez, où elle a longtemps vécu.
(NDLR : commune des Pyrénées-Atlantiques située sur la ligne de démarcation qui suit le tracé Mont-de-Marsan, Orthez, Salies-de-Béarn, Saint-Jean-Pied-de-Port).

  • Pour conclure, que pensez-vous des timbres commémoratifs émis par la France sur La Seconde Guerre mondiale ?

Je trouve que l'effort fourni par La Poste en la matière est remarquable. J'aime particulièrement les séries sur les Héros de la Résistance. Dans la période de l'après-guerre, La Poste a été très sollicitée pour émettre des timbres à leur effigie et elle a su faire les bons choix.

Avril 2015 n° 1894


Mise en ligne : 26/04/2015